Qui est Bertrand Larrivière

Bertrand Larrivière présente une œuvre picturale procédant d’une touche furtive et accidentée, étendue en séries singulières qui forment un ensemble agité et foisonnant. Il déploie une gestuelle de l’urgence et dresse des portraits dans un éclatement des détails ; de l’intérieur vers l’extérieur.
Cette présente série manipule des images déjà existantes, une imagerie de masse, omniprésente dans les médias - de la presse à l’audiovisuel. Des standards d’affiches publicitaires qui martèlent le quotidien et les réalités contemporaines. L’accroche de départ du peintre est donc ces visages aseptisés extraits de pages de magazine ; papier glacé. Des portraits de femmes lissées mis au service d’un discours mercantile et propagandiste ; des figures féminines refroidies et transformées, dégagées de toute expression, démarquées du réel et de ses empreintes. Des têtes irréelles où le moindre pore est obscuré, supprimé, où le moindre pli est étiré, au profit d’une image glaciale.

Bertrand Larrivère procède alors à un premier arrachement ; il saisit les pages et les extirpe de leur contexte déshumanisant. Ces bouts de femmes aseptisées sur bouts de papier, il les prend en main, se les approprie. Il réinjecte du réel et du poétique dans ces images où la fausseté est brandie en un idéal impossible et malsain. Il vient septiser l’aseptisé et donner à voir des arrachées ; portraiturées du dedans.
Cet artiste extrapole l’intérieur en redonnant à la face sa part d’évidence et de vérité : de larges cernes viennent bouleverser les regards, des bouches sont cousues, des joues creusées, des mines défoncées. La souffrance est latente, mais sans pathétisme. Chaque tronche est marquée d'évidence. Elles sont burinées par les poteaux qui ont successivement entravé leur vie. Ces œuvres sont des condensés de l’existence, livrent à celui qui les regarde des à coups de rire, de joie, de bruit, de vertige, de cri, d’accident, de dégringolade, de sexe, de mort et de silence.


Né en 1957, Bertrand Larrivière est diplômé de l’école des beaux-arts de Bordeaux et du département d’arts plastiques de l’Université Paris VIII. Il dirige depuis 1998 un centre d’exposition nommé Le bois des fées et situé  à Vergoignan, dans le Gers ; un lieu singulier, à part, accueillant artistes et auteurs, arpentant des perspectives diverses, tant dans le fond que dans les formes exposées, qu’elles soient plastiques, littéraires ou musicales.

texte d'Isabelle Lassignardie